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Gaston Flosse en garde-à-vue, ce n'est qu'un début

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Ce n’était qu’un amuse-gueule. Un galop d’essai. Pour la première garde-à-vue de sa longue carrière, vendredi 24 juillet, « Papa » Flosse, 78 ans, n’a été retenu que sept petites heures dans les locaux de la Division nationale des infractions financières (DNIF) à Nanterre. En autorisant du bout des lèvres la levée provisoire de l’immunité parlementaire de l’ancien roitelet de Polynésie Française, le Sénat s’était, il est vrai, opposé à toute éventuelle incarcération consécutive à de tête-à-tête avec les flics financiers. Une fleur. Un collier même comme on les aime à Tahiti !

Flosse était entendu pour « détournement de biens sociaux et corruption » dans le cadre de l’affaire de OPT, un organisme chargé de récolter la publicité de l’annuaire téléphonique de Tahiti. La justice le soupçonne en effet d’avoir bénéficié de 1,5 million d’euros de dessous-de-table.

Gaston Flosse en garde-à-vue - JPG - 36.2 koGaston Flosse en garde-à-vue© Nardo

Mais Gaston Ier pourra finalement se défendre libre, tout comme Alphonse Terieerooiterai, l’ancien président du conseil d’administration de l’OPT, relâché après trois mois de détention. A la différence de son ami Hubert Haddad, un homme d’affaires de la galaxie Flosse, de Jeffrey Salmon, un autre businessman de l’archipel et de Melba Ortas, la secrétaire particulière de Flosse, tous incarcérés dans le dossier.

La magnanimité du Sénat et la timidité du juge Stelmach en charge de l’instruction, un magistrat peu réputé pour sa sévérité dans les dossiers financiers, aura donc permis à Gaston d’échapper aux geôles de la République. Mais depuis l’arrivée sur l’archipel d’un nouveau procureur, en la personne de José Thorel, un magistrat à la réputation d’intransigeance en provenance d’Ajaccio, les épées de Damoclès judiciaires pesant sur la tête de l’ancien homme fort du territoire sont de plus en plus menaçantes.

Le fantôme de JPK

Papa Flosse, qui jusqu’à présent n’avait à son casier judiciaire qu’une condamnation minime de trois mois avec sursis pour une malversation financière en 2007 et une autre d’un an avec sursis pour détournement de fonds publics, est aujourd’hui cerné. Mis en examen pour avoir fait financer un banquet privé par les fonds de la Présidence du Territoire, pour avoir nourri un gigantesque système d’emplois fictifs en Polynésie et pour destruction de preuves dans le cadre d’une enquête de la Chambre régionale des Comptes portant sur la SED, un véritable service de renseignements officieux entièrement voué à sa solde, l’ami Gaston craint surtout maintenant d’être soupçonné officiellement dans la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud dit « JPK ».

JPK avait disparu en décembre 1997 après avoir semble-t-il été enlevé par des hommes de la garde prétorienne de Flosse. Et n’a jamais été retrouvé depuis.

Gaston Ier a toujours farouchement démenti avoir quelque chose à voir de près ou de loin avec cet assassinat présumé. Et faisait principalement valoir qu’il n’avait aucun intérêt à la disparition du journaliste. Mais cette ligne de défense commence à avoir du plomb dans l’aile.

L’enquête judiciaire confiée au juge Jean-Paul Redonnet a en effet déjà établi que Flosse connaissait les pistes de travail de JPK, résumées dans un document de 14 pages, volées au domicile de son avocat et confiées à ses services. Or les dernières avancées des enquêtes judiciaires montrent que JPK avait très tôt soulevé des lièvres dans des dossiers de corruption aujourd’hui avérés.

Enquêtes inachevées mais bien flairées

A la fin des années 1990, JPK était par exemple sur la piste de pots-de-vins versés par l’homme d’affaires Hubert Haddad à la galaxie Flosse, en contrepartie d’une généreuse indemnisation versée sur fonds publics suite à à la suppression d’un contrat avec le gouvernement précédent. Haddad est aujourd’hui impliqué avec Flosse dans le dossier OPT.

Autre exemple de la perspicacité de JPK : le journaliste avait découvert que la Banque de Tahiti avait octroyé un crédit de plus d’un million d’euros à Gaston, sans aucune garantie et sans échéance de remboursement. Le cadeau a ensuite permis à Gaston de s’offrir un petit pied-à-terre parisien, à savoir un somptueux hôtel particulier rue de Ranelagh, dans le XVIème arrondissement, en 1994. Une affaire cela dit. Acquis 3,8 millions d’euros par la Lyonnaise des Eaux, gros concessionnaire à Tahiti, la demeure avait été revendue un an plus tard à Papa Flosse pour seulement 1,8 million d’euros.

Pas de chance, les flics commencent à se poser – mieux vaut tard que jamais - quelques questions sur cet investissement. Et le 15 juin dernier, la police judiciaire a mené une perquisition à la Banque de Tahiti pour tirer au clair les conditions de cet étrange prêt déjà dans le collimateur de Jean-Pascal Couraud, il y a dix ans. « La prescience de JPK, il y a dix ans avait de quoi inquiéter Gaston, murmure un connaisseur. Pour la justice, elle pourrait même constituer un mobile sérieux qui auraient conduit les sbires de la Présidence a essayer d’intimider, voire plus ce journaliste décidément trop curieux  ». Surtout que les enquêtes de JPK menaient même plus haut, jusqu’aux liens financiers existant entre les amis milliardaires de Gaston Ier et un certain Jacques Chirac, dont le compte japonais est plus que jamais dans le viseur des nouvelles autorités judiciaires polynésiennes, nommées sous Sarko…

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